Il ne reste plus rien jusqu’à l’arrivée de l’un des films les plus attendus de l’année. On l’a déjà vu, et la seule chose qu’on a pu lui reprocher Napoléon par Ridley Scott, c’est que ça va trop vite. Cela ne dure pas moins de deux heures et 38 minutes, mais cela semble un peu court pour couvrir toute la vie d’un personnage comme Napoléon. Rien à dire en revanche sur Joaquin Phoenix dont le chemin vers l’Oscar est plus que jalonné de son incarnation de Bonaparte. La même chose peut être dite à propos de Vanessa Kirby qui profite de chaque scène dans laquelle elle se trouve, volant même l’attention de Phoenix à plusieurs moments.
Cependant, nous revenons au sujet de la concision. Napoléon a eu une vie si intense, si mouvementée, que s’il manque quelque chose au film de Scott, c’est comme bien d’autres biopics. Résumer une vie entière est toujours compliqué et, parfois, il vaudrait mieux choisir de se concentrer sur un seul chapitre marquant de celle-ci. Le film commence cependant avec Napoléon déjà avec le grade de commodore pendant la Révolution française, il nous épargne donc son enfance. Cependant, lorsqu’on parle d’un personnage historique comme Napoléon Bonaparte, retracer son ascension militaire jusqu’à son deuxième exil implique déjà un nombre énorme d’événements. Pour la plupart d’entre eux, aussi importants soient-ils, le film ne peut consacrer qu’une ou deux scènes. Nous ne serions pas surpris si vous terminiez le film en ayant envie de lire un livre comme celui-ci pour combler les lacunes.
Almuzara Ce n’était pas dans mon livre Napoléon (Histoire)
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Almuzara Ce n’était pas dans mon livre Napoléon (Histoire)
Hier, nous avons revu l’histoire réelle de la bataille de Napoléon dans les pyramides d’Egypte. Bien que spectaculaires, on pourrait dire que ses batailles les plus célèbres sont sa victoire à Austerlitz, sa marche sur Moscou ou sa mythique défaite à Waterloo. La vérité est que tous donnent au film une touche de blockbuster spectaculaire. Oui ok Napoléon Cela brille encore plus dans les scènes entre Napoléon et Joséphine, c’est dans l’évolution rapide des combats que Scott démontre sa maîtrise et ses années de savoir-faire. On vous prévient que la bataille sur la glace d’Austerlitz sera pour beaucoup le point culminant du film. Cependant, malgré ces brèves mises en lumière, on ne peut s’empêcher d’avoir une fois de plus le sentiment que la figure de Napoléon en tant que soldat ne peut être vue dans sa totalité.

Ridley Scott doit en être conscient car, après la fin du film, apparaissent les affiches d’information typiques avec de véritables données biographiques. La plus choquante, sans doute, est celle qui nous apprend que Napoléon a mené pas moins de 61 batailles tout au long de sa carrière militaire. Même si certains d’entre eux étaient au service des puissances supérieures de la France, les plus importants se sont produits sous sa direction. Ses airs de grandeur, ses ambitions impériales, sa fièvre de conquête, provoquèrent des dizaines de guerres en Europe. Lorsqu’il marcha vers la Russie avec 650 000 soldats européens (l’Italie et l’Autriche lui prêtèrent des soldats), il revint avec seulement 40 000. C’est pour cette raison que le film se concentre sur le nombre de morts que Napoléon a provoquées, directement ou indirectement, tout au long de ces 61 batailles. Et ce chiffre, si l’on tient compte du fait que la population de l’Europe à cette époque était beaucoup plus nombreuse et qu’il s’agissait uniquement de jeunes hommes en âge de servir dans l’armée, est effrayant. Sous le règne de Napoléon, selon le film de Ridley Scott, pas moins de 3 millions de personnes sont mortes.
L’homme qui a mené à la mort pas moins de 3 millions de soldats est, à l’évidence, l’un des plus grands guerriers (en dimensions) de l’histoire de l’humanité. Et nous ne parlons que des soldats morts sous son commandement, et non des pertes rivales qui seraient tout aussi nombreuses, voire plus nombreuses. Surtout chez les personnages historiques, chez les conquérants et les généraux, nous ressentons l’émotion de leur vie personnelle et laissons la partie guerre comme quelque chose d’épique, tactique et historique. Mais il ne devrait pas en être ainsi, et cette note finale de Scott honore sa vision de Napoléon. Napoléon était tout ce que nous connaissons déjà, mais aussi le simple être humain qui, réalisant son désir de pouvoir, a mis fin à des millions de vies humaines.
