À l’ombre du kiosque central de la ranchería Wayuu José Rafael de las Calles, au milieu de la Guajira, une grande partie de la communauté est rassemblée. Ils racontent comment leur territoire a été reconnu comme zone d’influence pour un projet de transition énergétique dès le début du processus de concertation préalable avec les collectivités. La reconnaître comme zone d’influence se traduit par la délimitation géographique sur laquelle le projet est exécuté et sur laquelle sont perçus les impacts qu’il génère. Cette reconnaissance impliquerait, plus tard, une compensation financière. Cependant, la reconnaissance par les institutions, en tête desquelles le ministère de l’Intérieur et l’entreprise en charge du projet, fait souvent l’objet de contestations entre les communautés impactées car elle ne prend pas en compte la structure organisationnelle de cette communauté.
Dans une analyse très récente, Dejusticia a souligné l’importance de comprendre les systèmes associatifs et familiaux du peuple Wayuu pour garantir que les décisions et procédures dans les projets d’infrastructures énergétiques et similaires soient adoptées en tenant compte de leurs propres droits. Cette compréhension implique la nécessité de caractériser les familles Wayuu en fonction de leur appartenance à un clan et de leur ascendance matrilinéaire. Ce n’est pas pour rien que dans le système réglementaire Wayuu, il existe une distinction claire entre ceux qui possèdent le territoire et ceux qui vivent sur le territoire, mais n’ont aucun droit sur celui-ci. Les propriétaires sont ceux qui, selon leur ascendance matrilinéaire, héritent du territoire de leur mère et ce sont eux qui peuvent décider et négocier dans un contexte comme celui-ci. En ne procédant pas de cette façon, cela se transforme en conflits inter-claniques.
Comprendre le territoire de la pensée Wayuu est vital, non seulement pour surmonter la crise humanitaire que traverse actuellement cette communauté. Il est également important de comprendre que lors de la conception, de la conception et de l’exécution d’un projet, nous nous trouvons sur le territoire d’un peuple aux traditions ontologiques et cosmogoniques qui régulent ses relations dans différentes dimensions. La complexité réside alors dans la mise en dialogue d’une tradition historique et ancestrale avec une vision moderne du développement.
-Par conséquent, réduire le débat sur les causes des conflits autour des projets de parcs éoliens de La Guajira à une simple reconnaissance institutionnelle est réducteur et insuffisant. La question va bien plus loin. Nous sommes confrontés à des communautés bénéficiant d’une protection constitutionnelle particulière en vertu du principe du respect de la diversité ethnique. Les peuples autochtones de Colombie, et en particulier les Wayuu, ont résisté aux processus historiques de colonisation. N’oublions pas que leur séjour et leur permanence sur le territoire remontent bien avant que nous commencions à concevoir la Colombie comme un État.
-Ne pas comprendre cela pourrait inévitablement nous conduire à retomber dans des actions néfastes de la part de l’État et des entreprises privées. Négliger ces complexités constitue un affront aux revendications historiques du peuple autochtone Wayuu. C’est ignorer sa préexistence à l’État et aux processus de colonisation. En fin de compte, on retombe dans des pratiques systématiques de dépossession et de racisme structurel.
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