Plus de passeports pour les Ukrainiens en âge de servir – DW – 26/04/2024

Plus de passeports pour les Ukrainiens en âge de servir – DW – 26/04/2024
Plus de passeports pour les Ukrainiens en âge de servir – DW – 26/04/2024
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“Dieu merci, j’ai obtenu mon passeport à Cologne l’année dernière et je n’ai plus besoin d’aller au consulat”, déclare Oleg, originaire de Kiev, qui vit désormais en Allemagne avec sa femme et ses trois enfants. C’est sa réaction à la déclaration du ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, selon laquelle les services consulaires ne seront plus entièrement fournis aux citoyens en âge de servir qui se trouvent à l’étranger. Cela s’appliquera notamment à ceux qui ne s’inscrivent pas au registre militaire.

“Vivre à l’étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers son pays d’origine”, a souligné mardi Kuleba sur la plateforme et à l’étranger.

Entre-temps, Kiev a cessé de délivrer des passeports aux hommes âgés de 18 à 60 ans qui se trouvent à l’étranger. Cela signifie que les hommes ukrainiens en âge de combattre ne peuvent obtenir un passeport que dans leur propre pays. La seule exception concerne la délivrance de documents d’identité pour le retour en Ukraine.

Sanctions et amendes possibles

La mesure est liée à la loi récemment approuvée pour renforcer la mobilisation et vise à inciter les hommes à retourner dans leur pays d’origine. La loi entrera en vigueur le 18 mai.

Selon la nouvelle réglementation, les citoyens ukrainiens de sexe masculin vivant à l’étranger devront également se présenter à l’armée. “On ne sait pas comment procéder à l’étranger ni quels documents présenter”, explique l’avocate Hanna Ishchenko à Kiev. Le gouvernement n’a pas encore déterminé cela. La seule chose qui est claire jusqu’à présent est que la loi s’applique à tous les citoyens de sexe masculin sans exception, aussi bien à ceux qui ont quitté l’Ukraine après l’invasion russe en 2022 qu’à ceux qui vivent à l’étranger depuis leur naissance.

Ce sont d’abord les femmes et les enfants ukrainiens qui sont arrivés en Allemagne, puis les hommes.Image : Waltraud Grubitzsch/photo alliance/dpa

Les dispositions relatives à l’enregistrement obligatoire stipulent que les citoyens ukrainiens ne pourront utiliser les services consulaires à l’étranger qu’après avoir vérifié s’ils se sont inscrits dans l’armée. Dans le cas contraire, ils s’exposent à une amende de 510 à 850 hryvnia (environ 12 à 20 euros), en plus du refus de services consulaires, et jusqu’à 1 700 hryvnia (environ 40 euros) en cas de violation répétée.

Cas pour les tribunaux

L’avocat Ishchenko s’attend à des poursuites contre les autorités. Les tribunaux devraient clarifier si les décisions officielles sont conformes au principe de l’égalité des citoyens devant la loi. “Il doit y avoir une compatibilité entre les conséquences pour les citoyens et les objectifs que les mesures visent à atteindre”, explique-t-il. Selon lui, les mesures adoptées par l’Etat ne respectent pas le principe de proportionnalité, malgré la situation de guerre.

Oleksandr Pavlichenko, de l’Union ukrainienne d’Helsinki pour les droits de l’homme, parle même de discrimination. Il craint que les autorités ukrainiennes refusent à l’avenir d’aider les personnes touchées, même dans des situations d’urgence. En conséquence, les gens chercheraient une autre citoyenneté, par le biais du statut de réfugié ou d’autres procédures, pour se débarrasser de la citoyenneté ukrainienne, qui leur est « gênante ». Pavlichenko espère également que les Ukrainiens intenteront des poursuites contre les nouvelles dispositions, en invoquant la Convention européenne des droits de l’homme.

Oleg ne veut pas rejoindre l’armée. Il craint d’être envoyé à la guerre, même si, en tant que père d’une famille nombreuse, il est exempté du service obligatoire selon la réglementation en vigueur. “Je ne vais pas laisser ma femme et mes trois enfants seuls”, souligne-t-il.

(gg/ers)

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