La BCE abaisse ses taux pour la première fois en huit ans malgré une inflation plus élevée prévue

La BCE abaisse ses taux pour la première fois en huit ans malgré une inflation plus élevée prévue
La BCE abaisse ses taux pour la première fois en huit ans malgré une inflation plus élevée prévue
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A trois jours des élections européennes, l’économie de la zone euro va bénéficier d’un petit coup de pouce. La Banque centrale européenne (BCE) a décidé ce jeudi de baisser ses taux d’intérêt d’un quart de point, laissant le taux directeur à 4,25 %. Conforme aux attentes. Les marchés (et l’Euribor) ignoraient ce geste baissier depuis des semaines. C’est la première fois depuis 2016, lorsque Mario Draghi avait fait passer le prix de l’argent en territoire négatif, que la BCE assouplit sa politique monétaire.

Et cela avec des indicateurs qui n’inviteraient pas vraiment à le faire : un taux de chômage à un plus bas historique (près de 6 %), des marchés proches de niveaux records, une croissance des salaires au premier trimestre de 4,7 % et un taux d’inflation qui, dans certains pays comme comme l’Espagne (3,4%), il est supérieur à la moyenne de la zone euro (2,4%). En fait, il s’attend à une inflation plus élevée que celle annoncée cette année et l’année prochaine.

La facilité marginale de crédit (à 4,50%) et la facilité de dépôt (3,75%) sont également réduites d’un quart de point. Dans sa déclaration, l’entité reconnaît qu’il existe encore des risques. « Malgré les progrès réalisés au cours des derniers trimestres, les pressions inflationnistes intérieures restent fortes en raison de la forte croissance des salaires, et l’inflation devrait rester supérieure à l’objectif jusqu’à l’année prochaine. Les dernières projections des services de l’Eurosystème concernant l’inflation globale et l’inflation sous-jacente ont été révisées à la hausse pour 2024 et 2025 par rapport aux projections de mars. “Les experts estiment désormais que l’inflation générale sera en moyenne de 2,5% en 2024, 2,2% en 2025 et 1,9% en 2026.”

Mais Lagarde n’a pas pu éviter de réaliser ce que certains analystes ont qualifié de « chronique d’un déclin annoncé ». Ainsi annoncé que tout changement de position aurait risqué d’être mal interprété.

La bataille contre l’inflation donnera le ton

Sur la question des salaires, le raisonnement avancé par les économistes dans la tour de verre de Francfort est que même si les augmentations restent substantielles, des effets de second tour peuvent être exclus ou des anticipations d’inflation relevées. L’argument est que les nouveaux accords en cours de signature intègrent déjà des augmentations inférieures à celles des mois précédents. Alors que les augmentations les plus prononcées sont celles qui servent à compenser, avec des mois de retard, la perte de pouvoir d’achat subie en raison du pic de croissance des prix enregistré au moment de pointe, entre 2022 et 2023. Cela est dû aux mises à jour des accords dans des pays comme l’Allemagne avoir lieu tous les trois ans. Ainsi, même si les salaires augmentent, on s’attend à ce qu’ils diminuent progressivement.

«Il reste un risque que la BCE baisse ses taux trop tôt, et il sera intéressant de voir si la Réserve fédérale américaine et la Banque d’Angleterre emboîteront le pas dans les mois à venir. Les perspectives concernant les prix de l’énergie sont peu fiables et les conflits géopolitiques en Europe et au Moyen-Orient pourraient créer des défis importants à l’avenir. Qui plus est, le marché du travail de la zone euro reste étonnamment solide. Par conséquent, une résurgence des pressions inflationnistes reste un facteur de risque important si la banque réduit les taux trop rapidement », a déclaré Ben Nichols, directeur général par intérim de RAW Capital Partners, dans une note.

Dans le communiqué, l’entité présidée par Christine Lagarde affirme que “le Conseil des gouverneurs est déterminé à faire en sorte que l’inflation revienne bientôt à son objectif de 2% à moyen terme et maintiendra les taux d’intérêt officiels à des niveaux suffisamment restrictifs aussi longtemps qu’il le faudra pour atteindre cet objectif. Il ne semble donc pas que l’autre baisse intervienne avant l’été, mais plutôt vers septembre.

Luis Federico Florio

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