Les trois dirigeants que l’UE a élus pour occuper ses principales positions sans donner aucune voix ni vote à l’extrême droite

Les trois dirigeants que l’UE a élus pour occuper ses principales positions sans donner aucune voix ni vote à l’extrême droite
Les trois dirigeants que l’UE a élus pour occuper ses principales positions sans donner aucune voix ni vote à l’extrême droite
-

Entendre

PARIS.- De la fumée blanche s’est échappée de Bruxelles hier le premier jour du Conseil européen : les chefs d’État et de gouvernement de l’Union sont convenus de donner Ursula von der Leyen un second mandat à la présidence de la Commissionune position clé dans la distribution de « les meilleurs emplois » de l’UE. Une décision qualifiée de « surréaliste » par l’Italien marginalisé Giorgia Meloni et ses associés d’extrême droite.

Le conservateur allemand, que beaucoup considèrent comme un « stratège hors du commun et femme la plus puissante d’Europe », doit encore être confirmé par le Parlement européen en juillet, comme le Premier ministre estonien Kaja Kallas, proposé à la tête de la diplomatie européenne. Adversaire déterminé du Kremlin, le libéral de 47 ans succédera à l’Espagnol Josep Borrell.

14/12/2022 Ursula Von der Leyen et António Costa se saluent lors d’une réunion à Bruxelles POLITIQUE INTERNATIONALE UNION EUROPÉENNEUNION EUROPÉENNE – UNION EUROPÉENNE

Les dirigeants de l’UE ont également nommé le socialiste portugais Antonio Costa au poste de président du Conseil européen, un organe qui rassemble les 27 chefs d’État et de gouvernement du bloc. Tandis qu’un autre conservateur, lLa Maltaise Roberta Metsola apparaît comme favorite pour obtenir également un deuxième mandat de deux ans et demi à la présidence du Parlement européenmi-juillet à Strasbourg.

Il est surréaliste que les noms des principales positions européennes soient décidés sans même prétendre que l’on prend en compte le vote des électeurs.s», a déclaré le Premier ministre italien peu après le début du Conseil européen, qui devait décider entre hier et vendredi les positions clés de la nouvelle Commission.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni arrive à un sommet informel des dirigeants de l’UE à Bruxelles, le 17 juin 2024. NICK GAMMON – AFP

La colère de Meloni se cristallise les tensions entourant cet exercice crucial pour les cinq prochaines années dans le bloc. Alors que six dirigeants européens des partis majoritaires (le Polonais Donald Tusk et le Grec Kyriakos Mitsotakis pour le Parti populaire européen (PPE) conservateur) ; l’Allemand Olaf Scholz et espagnol Pedro Sánchez par les sociaux-démocrates et les Français Emmanuel Macron et les hollandais Marc Rutte par les libéraux de Renew) ont annoncé leur soutien à un « paquet de nominations », qui comprenait Von der Leyen, le leader italien a dénoncé un « absence de démocratie ».

Au centre de la polémique, les récents résultats des élections européennes. Le PPE de Von der Leyen est le grand vainqueur avec 189 sièges, même s’il est vrai que le Parlement s’est déplacé encore plus à droite avec l’avancée de l’ultra-droite à laquelle appartient Meloni. Mais, même si son groupe, les Conservateurs et Réformistes européens (CRE), a remporté des députés (83), devenant ainsi la troisième force politique devant les libéraux et centristes de Renew (74), son groupe est décidément minoritaire par rapport à la grande alliance des les trois partis qui gouvernent le Parlement depuis des décennies.

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte s’adresse aux journalistes à son arrivée lors d’un sommet informel des dirigeants de l’UE à Bruxelles, le 17 juin 2024. NICK GAMMON – AFP

« Certains prétendent que les citoyens ne sont pas assez intelligents pour prendre certaines décisions et que « l’oligarchie » est la seule forme acceptable de démocratie. Mais je ne suis pas d’accord», a insisté Meloni à la veille du sommet. Le Premier ministre italien accuse les dirigeants européens de vouloir « cacher la poussière sous le tapis » au lieu de reconnaître le mécontentement des électeurs.

ET Giorgia Meloni Il ne se contente pas de critiquer, mais formule des revendications précises : un portefeuille économique de premier plan pour l’Italie dans la prochaine Commission et un poste de vice-président exécutif. L’Italie, en tant que troisième économie du bloc, obtiendra sûrement un portefeuille important.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, à droite, s’entretient avec la Première ministre italienne Giorgia Meloni avant une photo de groupe lors d’un sommet européen à Bruxelles, le jeudi 27 juin 2024.Geert Vanden Wijngaert – AP

« Il n’y a aucune raison pour que Von der Leyen oublie Meloni. Cependant, le président de la Commission n’a encore rien promis. Vers aucun pays membre», déclare un haut responsable bruxellois. Un argument difficile à croire pour qui connaît les mécanismes de l’exécutif européen.

Mais, belle politique, Meloni exagère un peu la provocation lorsqu’il réclame un commissaire chargé de limiter les La « bureaucratie » européennesi l’on considère à quel point l’Italie, en raison de sa propre bureaucratie, ne parvient pas à respecter les étapes requises pour reçoivent leur part du gigantesque plan de réactivation – avec 196 milliards d’euros, l’Italie est le principal bénéficiaire – décidé par le bloc après la pandémie.

Comme Giorgia Meloni, également première ministre ultra-nationaliste hongroise Viktor Orbanqui vise à avoir plus de poids dans l’orientation future de l’exécutif européen, a décrit “honteux” la décision d’accorder ce deuxième mandat à Von der Leyen sans en tenir compte.

Face à ces critiques, les défenseurs du processus actuel soulignent la complexité de l’exercice.

«Constituer l’équipe dirigeante de la Commission est un véritable casse-tête», confie la même source européenne. « Il faut tenir compte des équilibres géographiques et politiques entre hommes et femmes, tout en reflétant les nouvelles réalités politiques émergeant des urnes », ajoute-t-il.

Comme indiqué ci-dessus, le parti de Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia, ne fait pas partie de la coalition parlementaire tripartite majoritaire (EPI, SD et Renouveler). En se positionnant aux côtés des souverainistes, aux marges du centre-gauche et du centre-droit, la Première ministre italienne affaiblit ainsi sa position dans la répartition des « meilleurs emplois » de l’UE. Et comme ces postes sont formellement attribués à la majorité qualifiée, Meloni et Orban n’ont aucun moyen de bloquer le rendez-vous. Cela dit, les bonnes mœurs en font le consensus qui prévaut parmi les 27.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni, au centre droit, salue le Premier ministre slovène Robert Golob, au centre gauche, lors d’une table ronde lors d’un sommet de l’UE à Bruxelles, le lundi 17 juin 2024. Geert Vanden Wijngaert – AP

Le problème est en réalité plus profond et la promesse de campagne d’Ursula von der Leyen le rend explicite : “Je ferai tout mon possible pour arrêter l’extrême droite”, il a promis. Les dirigeants démocrates européens savent que, pour la première fois de leur histoire, l’idée d’une Europe comme union supranationale entre 27 pays fondée sur l’État de droit et les principes de la démocratie libérale, est menacée par l’avancée d’un autre modèle : le projet alternatif d’extrême droite, qui nie l’existence d’un « peuple européen » et se proclame descendant d’une Europe mythologique et laïque « d’Athènes et de Rome ».

Son objectif est de créer une alliance de nations fondée sur l’identité des peuples et la coopération volontaire des États, qui récupèrent ainsi tous les aspects de leur souveraineté respective. Autrement dit : il s’agit de faire disparaître l’Union pour la remplacer par un espace de libre coopération entre nations souveraines., qui reprennent le contrôle absolu de leur politique, de leur économie et de leur défense. Un projet inimaginable pour la majorité des pro-européens du continent.

Au-delà des futurs membres de la Commission, le Conseil européen qui se conclut ce vendredi a dû adopter “l’agenda stratégique” du mandat. Un document de plusieurs pages encore en discussion dont les axes définiront le renforcement de la défense et de la sécurité communes, la réactivation de la compétitivité économique et industrielle, la protection de la démocratie et des droits fondamentaux, ainsi que l’adoption d’une politique plus pragmatique et flexible dans la mise en œuvre. du Pacte vert.

Apprenez à connaître le projet Trust

-

PREV Une avalanche en Équateur fait six morts, des blessés et des dizaines de disparus
NEXT Un pré-candidat critique l’exécution néolibérale du gouvernement uruguayen