Crainte chez les migrants latinos en France face à une victoire de l’extrême droite

Crainte chez les migrants latinos en France face à une victoire de l’extrême droite
Crainte chez les migrants latinos en France face à une victoire de l’extrême droite
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Le parti d’extrême droite du Rassemblement national (RN) est en tête des sondages pour les élections législatives du 30 juin en France.

Photo de : EFE – Mohamed Badra

En pleine campagne pour les législatives en France, les migrants latino-américains s’inquiètent des politiques anti-immigration que le parti d’extrême droite, leader dans les sondages, promet d’appliquer s’il obtient une majorité parlementaire.

“Cela faisait longtemps que je n’avais pas autant eu peur des résultats des élections”, a déclaré à l’AFP María, une Mexicaine installée en France depuis six ans et qui ne souhaite pas donner son nom de famille.

Le parti d’extrême droite du Rassemblement national (RN) est en tête des sondages pour les élections législatives, dont le premier tour aura lieu dimanche et le second le 7 juillet.

Cette formation et ses alliés recueillent 36% d’intentions de vote, suivis de la coalition de gauche Nouveau Front populaire (NFP, 29%) et de l’alliance de centre-droit du président Emmanuel Macron (20%), selon un sondage Ipsos publié le 30 avril. Vendredi.

L’incertitude plane quant à savoir s’ils obtiendront la majorité absolue à l’Assemblée nationale (chambre basse), ce qui ouvrirait la porte à un gouvernement d’extrême droite avec son jeune leader Jordan Bardella, 28 ans, comme Premier ministre.

“Un citoyen de la rue ne se sent pas à l’aise en sachant qu’une personne sur trois vote pour un candidat qui veut vous expulser”, explique Luis Molero, étudiant péruvien à Sciences Po à Paris.

En 2022, quelque 7 millions de migrants vivaient en France, soit 10,3 % de la population du pays, dont 2,6 millions ont obtenu la nationalité française, selon l’institut des statistiques Insee. La majorité vient d’Afrique et d’Europe et environ 6% viennent d’Amérique et d’Océanie, selon les données officielles.

« Priorité nationale »

La politique contre l’immigration irrégulière a été un point central de la campagne électorale du RN, qui propose également des mesures qui affecteraient les étrangers en règle, notamment en mettant en œuvre la notion de « priorité nationale ».

Cette doctrine impliquerait de privilégier l’accès au travail et au logement et de réserver l’aide sociale aux personnes de nationalité française. Dans le cas des étudiants étrangers, leur accès aux résidences étudiantes publiques serait restreint.

“Les étudiants étrangers ne seront pas prioritaires et les prestations sociales seront réservées en premier lieu aux étudiants français, qui ont aussi des difficultés à se loger et à joindre les deux bouts”, le candidat à la députée du RN Alexis Jolly.

Cette politique “n’est compatible ni avec la Constitution française, ni avec le droit de l’Union européenne, ni avec le droit international des droits de l’homme”, déclare Marie-Laure Basilien-Gainche, professeur de droit public à l’université Lyon 3.

« Les discriminations, notamment liées à la nationalité, sont interdites. Le RN irait à l’encontre de ces normes fondamentales», ajoute-t-il.

Le parti d’extrême droite pourrait toutefois durcir les critères d’octroi de visas, d’avantages ou d’aides financières, comme par exemple l’augmentation du nombre minimum d’années de résidence sur le territoire.

Futur, en pause

L’instabilité politique oblige les migrants sud-américains vivant en France à repenser leurs projets d’avenir. Beaucoup avaient prévu de demander la nationalité française après avoir vécu, étudié et travaillé dans le pays pendant des années.

«Pour le moment, je n’ai pas l’intention de modifier mes projets de demander la citoyenneté dans environ 3 ans. Mais j’envisagerais de retourner davantage au Mexique avant d’envisager de déménager dans un autre pays d’Europe », explique si nécessaire Alexis Ruiz, qui vit à Paris depuis trois ans et travaille dans une entreprise de logistique.

Pour María, obtenir la nationalité française serait un moyen de simplifier les démarches bureaucratiques et de préserver la vie qu’elle a créée dans le pays, où elle est arrivée après être née au Mexique et avoir vécu dans plusieurs pays. “J’ai grandi dans un environnement français (…) Je parle français à la maison et je ne connais que le mode de vie français, qui, je pense, me représente.”

La jeune femme vit depuis un an avec son petit ami, originaire de l’est du pays, et le couple envisagerait de s’unir civilement si un gouvernement d’extrême droite complique l’accès aux visas. «Je veux pouvoir vivre avec mon copain normalement et en paix», ajoute-t-elle.

Les migrants latino-américains et ceux originaires de pays extérieurs à l’UE ne peuvent qu’attendre les résultats d’élections auxquelles ils ne peuvent pas participer. « Mon avenir dépend désormais des politiques que le nouveau gouvernement commence à appliquer », estime Luis Molero.

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