Dans quelle mesure sommes-nous transparents en tant que pays ?

Dans quelle mesure sommes-nous transparents en tant que pays ?
Dans quelle mesure sommes-nous transparents en tant que pays ?
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Lorsqu’un ambassadeur reste en fonction uniquement sur la base des mérites de l’amitié, et non en raison de sa carrière et de son expérience professionnelle ; quand les secrets bancaires ne sont pas transparents, parce que les volontés requises ne sont pas là ; quand les collusions sont à l’ordre du jour, sans grande contradiction de valeurs ; quand le pouvoir judiciaire nous surprend avec ses nominations particulières ; lorsque les cours d’éthique sont utilisés comme alternative pour quelques-uns (deux étudiants) ; lorsque les parlementaires poursuivent leur travail législatif uniquement en fonction d’intérêts particuliers ; lorsque le trafic d’influence est au service d’une élite restreinte mais puissante (économique, politique, etc.) ; quand les notaires deviennent une boîte noire pour l’OO.PP. ; quand on simule et célèbre que la loi sur le lobbying fonctionne… eh bien !, de multiples problèmes devraient nous amener à la question à un million de dollars : dans quelle mesure sommes-nous transparents en tant que pays ?

Parler d’opacité, c’est parler d’un manque de lumière et d’un manque de clarté et, d’après ce que je vois, c’est ce qui se passe actuellement au Chili. Ou parce que nous nous habituons à cette contradiction, ou parce que nous l’acceptons à contrecœur, ou parce que c’est simplement quelque chose de plus grand que nous qui nous écrase émotionnellement (désespoir acquis). Quoi qu’il en soit, le fait est que nous vivons sous une réalité souvent simulée qui occulte les grandes contradictions de notre pays et, avec cela, la somnolence et l’apathie capturent impitoyablement notre dimension la plus critique… et éthique aussi.

Quel est donc le problème ? La complexité habite une culture mesquine, compétitive et individualiste qui se construit uniquement autour de « mes » besoins et intérêts ; culture forgée par des décennies à partir d’une élite (politique et économique) déconnectée de la douleur et de l’empathie la plus élémentaire et qui finira avec le temps, dans une croûte d’indifférence et de surdité face à une question, parmi tant d’autres, fondamentale pour imaginer la cohésion de une nation : crédibilité.

Lorsqu’il n’y a pas de crédibilité, il n’y a pas de confiance et, lorsqu’il n’y a pas de confiance, le fossé des désaccords sociaux s’accroît et, avec cela, toute possibilité d’avancer pour un bien commun disparaît. Dans le cas de la transparence, par exemple, se posent des questions auxquelles il n’est pas facile de répondre. Comment faire équipe avec quelqu’un qui me trompe et abuse de moi à cause de son pouvoir indéniable ? Comment pouvons-nous imaginer un avenir partagé en alliance, s’il existe constamment la possibilité d’une exploitation et d’une « arrivée rapprochée » ? Pourquoi confier le pouvoir aux élites, si leurs intérêts ne sont pas collectifs, mais plutôt ceux de quelques-uns ? Autrement dit, la culture opaque entraîne une série de fractures qui entravent et fragilisent la coordination des actions et l’imagination d’un avenir différent et plus équitable. Pourquoi pas?

De même, il est également vrai que les forces motrices que représentent les valeurs, l’éthique et le bien commun sont fondamentales lorsque le défi est de faire un grand pas en avant en tant que pays, mais cela ne se produit pas à cause de la prédication ou de la coercition juridique. Le bien commun, qui représente à la fois une valeur et une émotion, est le résultat d’une conviction profonde et attachante, d’une dimension solidaire et humaine où personne n’est superflu et où personne n’est plus que les autres. Le pouvoir est dans la communauté et ce qui est recherché, c’est une coexistence équitable. Et comme le disait un jour Victor Hugo Les Misérables, “C’est une chose facile d’être bon : la chose difficile est d’être juste.”

Créer un pays développé ne consiste pas seulement à l’industrialiser et à générer de la richesse de manière fragmentaire. Il ne s’agit pas non plus simplement de le moderniser avec ce qui est de pointe. Le défi est de transférer à la population les valeurs, principes et croyances réels issus d’une coexistence solide au fil du temps. C’est-à-dire qu’éduquer, c’est penser le territoire avec tous ses citoyens, sans exclusion et au service d’une éthique forgée dans le bien vivre… un exemple : être honnête, le minimum ! Et pour relever ce défi, la transparence sera toujours notre grande ressource inspirante et mobilisatrice.

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