Décès de Paul Auster : un jour il y aura de la vie | Culture

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Décès de Paul Auster : un jour il y aura de la vie | Culture
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À l’heure de la tristesse, je me souviens de la « folie du chagrin » dont nous parle Paul Auster dans Baumgartnermais aussi d’un moment sans regret dans lune, S Palace dans lequel, après une tempête, Marco Stanley Fogg devient une autre personne, comme s’il avait dépassé ses limites et qu’il était possible de marcher et de traverser au milieu d’une tempête et d’accéder ensuite à la lumière d’un lieu inconnu.

Des promenades sur des sentiers inconnus ponctuent l’œuvre d’Auster. Un jour, dans son grès brun Brooklyn, à Park Slope, il y a de nombreuses années, en octobre, un jour dans le passé où le monde semblait encore entier, Auster a soudainement déclaré qu’il était fasciné par la neige, mais aussi par le silence qui l’accompagnait habituellement. La neige, nous dit-il, lui permettait de voir la vie d’une manière différente, car elle changeait l’environnement et permettait de le redécouvrir plus facilement.

Si je devais redécouvrir un de ses livres, je choisirais L’invention de la solitude. Il s’agit d’un ensemble autobiographique divisé en deux parties (Portrait d’un homme invisible et Le livre de la mémoire), sans lien apparent entre les deux, même si, à la lecture, on voit que le lien est peut-être fortuit, mais il est total.

Dans la première partie, il parle de la mort de son père, un texte fascinant qui commence par des mots mémorables : « Un jour, il y a la vie. Par exemple, un homme en excellente santé, pas même vieux (…) passe ses journées à s’occuper de ses affaires et à rêver à la vie qui l’attend. Et puis, tout à coup, la mort apparaît.

L’écrivain Paul Auster pose à Oxford, en Angleterre, en mars 2017. David Levenson (Getty)

La mort du père est si soudaine qu’il n’y a pas de place à la réflexion, l’esprit n’a pas le temps de trouver un mot de consolation (et nous savons tous que, même s’il existait, nous ne le trouverions pas non plus). C’est dans cette même première partie qu’Auster raconte l’histoire vraie de la façon dont sa grand-mère a assassiné son grand-père : une histoire formidable, bien sûr.

La seconde partie, Le livre de la mémoire, raconte quand, à Paris, en 1965, le très jeune auteur découvre pour la première fois les possibilités infinies que peut offrir un espace limité. Il n’a plus jamais revu une pièce aussi petite que celle de Paris, mais il a découvert les limites excessives et insondables de cet espace dans lequel s’inscrivait tout un univers, une cosmologie miniature qui contenait en elle ce qu’il y avait de plus étendu, de plus lointain et d’inconnu.

Le livre de la mémoire aurait très bien pu s’appeler La salle des écrivainscar c’est de cela qu’il s’agit lorsqu’on aborde les quatrièmes minimums de Dickinson, Hölderlin et autres génies.

L’invention de la solitude Ce fut le véritable coup de départ de son œuvre, le catalyseur qui déchaîna le romancier d’Auster. Il l’a écrit dans le but d’essayer de comprendre qui avait été son père. “Et qu’est-ce que la fiction sinon la tentative de comprendre la vie des autres ?”, se demandait-il depuis un lieu inconnu, où il allait découvrir que, comme ses pas ne le menaient nulle part, ils le conduisaient vers l’intérieur de lui-même. .

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