Les fantômes de la fin du règne survolent l’Elysée de Macron

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Pour narcissique à l’instar du président français Emmanuel Macron, cet étonnement et finalement ce mépris de ses fidèles est la pire réponse à sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale.

Sa méthode brutale, le manque de concertation avec son premier ministre Gabriel Attal, au président de l’Assemblée nationale, à ses propres ministres l’a laissé seul avec sa décision et son manque de timing politique. Il rend hommage à la politique, aux partis, à sa philosophie de gestion-action.

Aujourd’hui, la France a les partis brisés et l’extrême droite avancemenaçant « un gouvernement d’union nationale » avec les républicains conservateurs par conséquent. L’idée présidentielle de se renforcer avec cette dissolution et de créer une troisième voie modérée pour renforcer sa majorité perdue Cela se liquéfie comme de la glace.

Les diagnostics d’une décision

Aux repas « tout Paris » les anecdotes prolifèrent pour expliquer l’individualisme du président Macron, son mépris des opinions des autres, sa haute conception de lui-même. Psychanalystes, anthropologues, anciens ambassadeurs, députés, contribuent et analyser les raisons d’une décision de dissolution de l’Assemblée nationale sans consultation, ce qui laisse la France fragile et avec la possibilité de une scène de véritable violence.

Le Premier ministre Grabriel Attal regarde le président Macron. Photo : EFE

La campagne est déjà brutale avec le les étrangers et les migrants comme cibles, notamment sur les réseaux sociaux. Dans la campagne contre le Nouveau Front populaire, on voit de fausses images de Jean-Luc Mélenchon à moto, accompagné d’une femme musulmane voilée, se dirigeant vers l’Elysée.

« Hubris et narcissisme », diagnostique un célèbre psychanalyste lacanien, dans un restaurant parisien, pour expliquer l’attitude de Macron.

Un anthropologue et philosophe s’alarme de « la façon dont l’identité française a été vidée » pour permettre aux zones rurales d’adhérer au Regroupement national aux côtés des travailleurs et des enfants de militants, comme Jordan Bardella, probable futur premier ministre si l’extrême droite gagne. Ses parents sont d’origine italienne et algérienne, ils sont originaires de la banlieue parisienne de Drancy.

« Il n’y a pas d’intégration sociale en France. La limite, c’est la laïcité», prévient-il. “Surtout chez cette troisième génération de migrants arabes, qui sont français et personne ne les voit comme tels”, dit-il.

fin du royaume

Les partisans du chef de l’Etat ne digèrent toujours pas la surprenante dissolution de l’Assemblée qui les a plongés dans l’inconnu. Beaucoup Ils ont déjà tourné la page du macronisme.

D’autres, comme le chef des députés macronistes à l’Assemblée nationale et désormais abandonné Gilles Le Gendre, sans même être informés qu’il ne serait pas nommé législateur, estiment que “La dissolution est une décision insensée.”

Pendant une minute de silence, Macron visite les tombes des morts de la résistance française, en 1940. Photo : EFE

Il reproche à Macron un « risque inutile et dangereux ». Il se présentera comme député indépendant. Il appelle son camp « à donner des mots d’ordre de vote au premier tour pour empêcher le Rassemblement national », le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella, « de prendre le contrôle de nos institutions ».

Un groupe de jeunes entourait Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’économie et a trahi son patron, le président François Hollande, pour commencer secrètement à monter son parti politique, Renaissance. Les soi-disant Mormons le quittèrent lentement et Aujourd’hui, ils regardent le processus avec stupéfaction.

«Je ne le reconnais plus», s’alarme dès le début l’un de ces fidèles. « Je peux comprendre les mécanismes intellectuels qui mènent à la dissolution, votre sentiment d’être gêné. Mais en le faisant maintenant, à la veille des Jeux Olympiques, créer un désordre monstrueux et fournit une plateforme pour les extrêmes”, a-t-il analysé.

Une autre est encore plus sévère : « Pour moi, la psychologie offre la seule clé d’une lecture cohérente. Une légère défaite aux législatives de 2022 causé six mois de dépression. L’énorme claque face aux élections européennes produit une décompensation brutale. Et s’il perd à nouveau ces élections, Dieu sait ce qui se passera”, prévient-il. Va-t-il démissionner ? Il ne l’exclurait pas.

Un tiers ne cache pas avoir reçu plusieurs messages de panique de la part de l’écosystème macroniste : “Les inquiétudes sont multiples, exprimées et largement partagées.”

La dissolution, selon ses ministres

Soazig de la Moissonnière est la photographe personnelle du président Macron. Elle a eu le privilège de pouvoir photographier ces moments et d’être autorisée à les publier lorsque Macron a informé les ministres, qui n’avaient pas été prévenus, qu’ils allaient tous se retrouver au chômage. Les visages des interlocuteurs de Macron en disent long, notamment celui d’un Premier ministre abasourdi. Était-ce pour que cela soit inscrit dans l’histoire ? Pour la postérité ?

« La dissolution est la décision d’un seul homme. Ce que je constate, c’est que cela a suscité de l’inquiétude, de l’incompréhension et, parfois, de la colère dans notre pays.» Ce sont les mots de son ministre de l’Economie et gaulliste, Bruno Le Maire. Il fera partie de ceux qui se présenteront comme candidat à la présidentielle de 2027. La distanciation a déjà commencé. Macron ne peut être réélu pour un autre mandat. La Constitution française l’interdit.

Gabriel Attal, le jeune premier ministre qui a proposé sa démission comme un fusible et a supplié Macron de ne pas dissoudre, devrait être le visage de la campagne. C’est l’image de la déception. Les députés ne veulent pas mettre le visage ou le nom de Macron dans leurs publicités. Le premier ministre non plus.

Le projet de Macron de s’exprimer trois fois avant le 30 juin est éteint. Les candidats veulent jouer seuls leur poste. Macron “c’est toxique” face à un électorat qui ne veut voter ni pour le Regroupement national ni pour la gauche unie au Front populaire, mais qui est resté sans alternative.

Les ministres et responsables distribuent des CV

Ils craignent que le président soit déconnecté, dans la tour d’ivoire de l’Elysée, des conseillers qui lui disent ce qu’il veut entendre.

Dans cette atmosphère désespérée, plusieurs macronistes ont commencé à chercher un nouvel emploi. Au lieu de brochures, « les conseillers distribuent des curriculum vitae », précise l’un d’eux.

«Je vais chercher un poste dans une grande entreprise», avoue l’un des nouveaux chômeurs. Même dans l’entourage de Gabriel Attal, certains commencent à enquêter dans les entreprises et chez les grands patrons. Tout s’effondre.

Le Premier ministre Gabriel Attal lors d'événements patriotiques. Photo : APLe Premier ministre Gabriel Attal lors d’événements patriotiques. Photo : AP

Un certain dégoût s’est également répandu parmi les troupes lorsqu’elles ont vu le chef du parti et chancelier, Stéphane Séjourné, se lancer avec un parachute doré dans les Hauts-de-Seine, l’un des derniers territoires non hostiles. Ou encore l’un de ses conseillers, Vincent Caure, candidat à la députation des Français du Royaume-Uni et d’Europe du Nord.

Il faut dire que « sur le terrain, la situation a complètement changé », affirme un autre ministre.

Le leader philippiste des députés Horizontes, Laurent Marcangeli, ne cache pas son “très grand pessimisme”. Dans sa ville d’Ajaccio, la liste d’extrême droite Jordan Bardella a obtenu 45% des voix. “C’est un référendum qui refuse de dire son nom”, estime-t-il.

« Le président souhaite que les Français résolvent un différend avec le Parlement. Les deux alliances formées par les extrêmes, le Front populaire et le Rassemblement national, écrasent tout et ne laissent aucune place au choix de la raison », s’inquiète Christophe Jerretie, ancien député MoDem de Corrèze.

Le vote utile a disparu

En réponse, l’Elysée diffuse dans tous les sens des éléments destinés à rassurer. Selon le ministère de l’Intérieur, plus de 400 000 procurations ont été réalisées la semaine dernière.

« Nous aurons une participation présidentielle », souligne l’une de ses collègues, sans être sûre que cela profitera à son camp.

“Nous sommes le seul vote utile pour protéger les Français”, a résumé Emmanuel Macron dimanche après-midi, lors d’une rencontre élyséenne avec Stéphane Séjourné (Renaissance), Édouard Philippe (Horizons) et François Bayrou.

Mais cette stratégie inquiète, dans le contexte de l’avancée du RN aux élections européennes. “Entre le bloc de gauche et le bloc de droite on va être anéanti et on se retrouvera avec 80 députés», craint un candidat au poste de ministre.

Les problèmes du Front populaire

Le « vote républicain » est représenté par ce Nouveau Front Populaire, où socialistes forcés, écologistes et communistes cohabitent, Insoumise France de Jean Luc Mélenchon et les confédérations ouvrières. Il leur a fallu quatre jours pour trouver des coïncidences et non des différences.

Mais l’arrivée de l’ancien président socialiste François Hollande, en conflit avec les autorités de son parti, qui ont découvert qu’il était déjà nommé, a créé le premier conflit. Olivier Faure, le secrétaire général du PS, souhaite que le Premier ministre soit élu en cas de victoire du Front populaire. Pour éviter que Hollande ne soit le Premier ministre de consensus d’un inévitable gouvernement de cohabitation avec le président Emmanuel Macron.

François Bayrou, leader du MODEM centriste, affirme que « La France doit choisir entre la peste et le choléra » et « les plus vulnérables seront les plus petits ». Mais prévenez du danger.

L’héritage de Macron

L’ancien président du Conseil constitutionnel et ministre chiraquien Jean-Louis Debré ne cache pas son antipathie envers Emmanuel Macron, dans un entretien au magazine Le Point.

«Le bilan de Macron est finalement tout à fait remarquable : aura accru le populisme à droite et à gauche, et aura détruit les Républicains de droite et de gauche. Sans rien reconstruire à sa place », critique-t-il.

Pendant ce temps, les Jeux Olympiques en France Ce sont les grands oubliés et personne ne sait qui les présidera.

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