Pourquoi Lousteau est-il si ennuyeux ?

Pourquoi Lousteau est-il si ennuyeux ?
Pourquoi Lousteau est-il si ennuyeux ?
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Par Coni Cherep

C’est frappant. Vendredi soir, à la télévision et sur les réseaux sociaux, ils ont fait la queue pour insulter Martín Lousteau. Le parti au pouvoir, ceux du PRO, l’ont fait, les radicaux eux-mêmes l’ont maltraité, les Kirchneristas l’ont signalé et la gauche, au cas où, s’est jointe aux disqualifications.

Qu’a fait ou fait Martin Lousteau pour déranger autant de monde à la fois ? Le peu qu’un leader de l’opposition devrait faire et avec une certaine responsabilité : la politique. Faites usage de vos pouvoirs de législateur, proposez une alternative à la proposition du gouvernement et garantissez ainsi que, si la demi-sanction des députés était rejetée, votre proposition permettrait à l’exécutif de maintenir la possibilité de la récupérer dans le chambre d’origine.

Qu’est-ce qui a donc dérangé le parti au pouvoir ? On ne comprend pas grand chose, ou oui : il a été clair que, s’ils proposaient d’ouvrir un peu le jeu, de discuter de certaines questions et d’accepter certains changements, la sanction finale de la loi finirait par être encore plus légitime qu’elle ne le sera, s’il est finalement adopté, votez aux députés. Pour l’opposition kirchnériste, l’attitude de Lousteau la mettait directement en hors-jeu : “Comment se fait-il qu’un type présente un projet alternatif et que nous, avec 33 sénateurs, n’ayons pas pu le faire ?” Et non. La position simplement obstructiviste

du kirchnérisme, a renforcé le discours présidentiel, qui opère sur une énorme base sociale qui pense comme lui : ils ne veulent rien changer et, par conséquent, ils veulent que tout reste pareil. Ils ne l’ont pas fait lorsqu’ils gouvernaient, et encore moins le font-ils maintenant.

Aux radicaux, pour la plupart, et aux PRO, qui n’ont pas de responsabilités exécutives et qui ne discutent pas de budgets avec Milei, il leur a laissé la preuve que, pour soutenir, ils soutiennent n’importe quoi. Et s’il est vrai que la loi qui est sur le point d’être sanctionnée est très différente de celle que le gouvernement entendait sanctionner depuis qu’il a envoyé le projet, il n’en est pas moins vrai que vos votes, tous ces votes, sont essentiels pour le gouvernement. et pour la gouvernabilité. Et ils trouvent agréables les applaudissements des majorités momentanées.

C’est-à-dire : Lousteau, ça ne le dérange pas parce qu’il a été le ministre de Cristina, non. Si c’était pour cette raison, Scioli, Ruckauf ou le ministre Guillermo Francos, qui ont autant ou plus de liens avec le kirchnérisme originel que l’ennuyeux Lousteau, devraient être dérangés de la même manière.

Encore moins si les objections sont « morales » : la vie privée de Lousteau est privée. Autant que celui du président et de sa sœur. S’opposer à des actions de ce type, c’est disposer de sept critères pour mesurer la même situation.

En fin de compte, ce qui dérange Martin Lousteau, c’est sa vertu : mettre sur la table publique, à partir de son expertise et de ses connaissances – aussi précieuses ou sans valeur que celles de n’importe quel économiste – un ensemble de discussions qu’il semble que certains ne souhaitent pas avoir.

Il propose, et en plus, il le fait dans une logique de respect institutionnel, laissant la place aux décisions qu’il critique d’être prises de la même manière, en exerçant le jeu des majorités et des minorités.

Lousteau, c’est nul parce qu’il exprime ce qui craint le plus dans ce pays : la tiédeur, la voie modérée, la recherche de la rencontre entre ceux qui prêchent depuis des décennies, la voie de l’affrontement comme seule issue.

Aujourd’hui, au détriment de tous, il est rare d’accepter ceux qui promeuvent des alternatives qui n’impliquent pas la haine et le déni de la différence. Et nous, Argentins, devrons apprendre, y compris le président, que les résultats seront meilleurs si davantage de personnes nous accompagnent tout au long du chemin.

Il est confortable, supportant aveuglément la chaleur du soutien populaire. Et encore plus confortable, s’opposer à tout, sans aucune responsabilité pour ce qui adviendra de ce rejet.

La politique, bien utilisée, est un outil utile et très ennuyeux.

Cela incite certains à réfléchir, et expose ceux qui ne veulent plus réfléchir.

Lousteau, dans cette histoire de la bataille sans fin de la Loi Base, a fait cela. Et puis ça dérange. À tous.

Cette chronique d’opinion de Coni Cherep a été extraitedepuis le portail https://conicherep.com.

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