Les politiques étrangères alarmantes de l’extrême droite et de l’extrême gauche françaises

Les politiques étrangères alarmantes de l’extrême droite et de l’extrême gauche françaises
Les politiques étrangères alarmantes de l’extrême droite et de l’extrême gauche françaises
-

Des soldats français patrouillent près de la Tour Eiffel dans le cadre du plan de sécurité nationale « Vigipirate », à Paris, en France. EFE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON

Depuis que France retour à la structure de commandement militaire intégrée de la OTAN en 2009, annulant la décision de Charles de Gaulle Après l’avoir abandonné en 1966, elle est devenue un partenaire largement solide pour États Unis et la Alliance atlantique. Aujourd’hui, les Français fournissent des troupes et des avions de chasse aux opérations et à la surveillance aérienne le long du flanc oriental avec Russie. Ils patrouillent également en mer Noir avec des avions pilotés. Comme président, Emmanuel Macron est devenu l’un des plus ardents défenseurs de Union européenne incorporer Ukraine à l’OTAN. Il promet une coalition d’instructeurs militaires pour former les recrues nouvellement mobilisées en Ukraine et envoyer des avions de combat français Mirage 2000-5.

Cependant, d’ici quelques semaines, la conduite de la politique étrangère de la France pourrait entrer dans une période incertaine, voire turbulente, susceptible de remettre en cause ces engagements. Cela est dû à la décision inattendue de M. Macron d’appeler élections législatives anticipées, qui se tiendra les 30 juin et 7 juillet. Une enquête sur Ifop le 24 juin a confirmé le fort avantage de Rassemblement National (RN) de Marine Le Penavec 36%, suivi de l’alliance de gauche Nouveau Front Populaire (NFP), avec 29,5%. Le groupe centriste pro-européen de Macron est bloqué à la troisième place, à 20 %.

Le président français pourrait devenir une figure diminuée de la diplomatie, éclipsé par un gouvernement eurosceptique ou sceptique à l’égard de l’OTAN, composé de partis ayant des liens historiques avec la Russie. Le 23 juin, un groupe de 170 diplomates français (anonymes) a prévenu en Le Monde sur les dangers particuliers d’une victoire de l’extrême droite : « Nos adversaires interpréteront la victoire de l’extrême droite comme un affaiblissement de la France et une invitation à l’ingérence dans notre politique nationale, pouvant aller jusqu’à l’agression contre l’Europe, même militairement. »

À l’extrême droite, la campagne électorale a modéré certaines de ses positions auparavant radicales. Le Pen Il a depuis longtemps abandonné ses propositions les plus eurosceptiques, comme la sortie de la France de la zone euro ou la défense du Frexit. Il plaide désormais pour un Une Europe « différente », qui serait une « alliance des nations » dans laquelle les pays auraient plus de contrôle sur leurs affaires (et la France obtiendrait un remboursement). La leader du RN a dénoncé l’invasion russe de l’Ukraine et son parti a restitué un prêt de 9 millions d’euros pour financer sa campagne qu’elle a obtenu auprès d’une banque russe liée au Kremlin.

Dans les derniers jours, Jordan Bardella, son protégé de 28 ans et candidat au poste de Premier ministre, est également revenu sur ses promesses diplomatiques antérieures. Tant que la Russie sera en guerre contre l’Ukraine, dit-il, son parti ne défendra plus le départ de la France du commandement militaire intégré de l’OTAN. S’exprimant à Paris le 24 juin, Bardella a annoncé qu’il respecterait le budget militaire pour 2024-2030. Cela fera plaisir aux forces armées françaises.

Cependant, le Les instincts sous-jacents du parti pourraient encore marquer une rupture nette. L’une des raisons réside dans les nombreux liens du parti avec la Russie. Dans un documentaire télévisé de 2022, Jean-Luc Schaffhauser, un ancien député européen du parti, qui dit avoir négocié le prêt bancaire du parti, a déclaré : « L’intérêt des Russes était de trouver des alliés occidentaux ». Parfois, les personnalités du parti semblent lire un texte moscovite. Un groupe d’entre eux a participé à la « surveillance » des élections russes. Lors d’une audition parlementaire en 2023, Le Pen a défendu le référendum organisé en 2023. Crimée après quoi Russie a annexé le territoire ukrainien en 2014 et a fait valoir que la « paranoïa russe » à l’égard de l’OTAN à ses frontières devrait « être prise en compte ».

En effet, le RN ne s’excuse pas de son hostilité à l’égard de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN ou à l’UE, deux organismes soutenus par Macron. “Nous soutenons Ukraine“C’est très clair”, dit-il. Laurent Jacobelli, leader du RN. Mais, dit-il, le parti ne veut pas se laisser entraîner dans un compromis sur l’article cinq (défense mutuelle) : « Nous ne voulons pas Troisième guerre mondiale». Bardella a également exclu l’envoi de troupes en Ukrainece que Macron a refusé d’exclure, ou de continuer à lui fournir des missiles à longue portée pouvant atteindre le sol russe.

L’alliance de gauche est beaucoup plus forte dans son soutien à l’Ukraine, malgré les liens historiques avec la Russie de certains de ses partis membres ; en fait, c’était une condition pour que les socialistes s’unissent. Son le pacte électoral soutient explicitement les livraisons d’armes à l’Ukrainela saisie des avoirs des oligarques russes et la responsabilité des Vladimir Poutine devant les tribunaux internationaux. Mais elle élude complètement la question du lien de la France avec l’OTAN, source de divisions internes. En 2022, alors qu’il se présentait à la présidence, Jean-Luc Mélenchon, l’ancien trotskyste dont le parti domine l’alliance, a appelé à la sortie de la France de l’OTAN, qu’il a qualifiée d’« organisation inutile ». Le programme électoral de l’alliance de gauche consacre une page à Gaza, mais ne mentionne ni l’OTAN, ni les États-Unis, ni même la Chine.

En fait, la cause la plus bruyante du PFN est son soutien aux Palestiniens, très populaire parmi les jeunes et, en particulier, dans les banlieues multiculturel (les banlieues des grandes villes). L’alliance promet que la France reconnaîtrait « immédiatement » État palestinien et sanctionnerait L’Israël de Benyamin Netanyahou. La réticence du parti de Mélenchon à qualifier les attaques de Hamas le 7 octobre a provoqué de nombreuses frictions entre les partis constituants de l’alliance. Raphaël Glucksmannun député socialiste qui a clairement utilisé l’étiquette de « terroriste », a été qualifié de « candidat sioniste » par un membre du parti de Mélenchon.

Dans une certaine mesure, selon la Constitution de la Cinquième République française, de telles positions divergentes pourraient ne pas avoir d’importance. C’est le président qui est le commandant en chef des forces armées, préside les conseils de défense nationale et peut déployer les forces françaises à l’étranger. Le gouvernement est responsable des affaires intérieures. Par ailleurs, il est fort possible que ni la droite ni la gauche n’obtiennent une majorité parlementaire au second tour. Dans ce cas, l’impasse législative et l’instabilité politique peuvent entraver une grande partie de l’élaboration de la politique étrangère du gouvernement.

Cependant, comme l’a souligné François Heisbourg, de la Strategic Research Foundation, la division du travail est plus déroutante que ne le pensent de nombreux observateurs. Un ministre de la Défense et un ministre des Finances qui voudraient bloquer le financement, par exemple, de nouvelles livraisons d’armes à l’Ukraine, pourraient compliquer la tâche de Macron. Si le RN devait entrer au gouvernement, il pourrait devenir presque impossible pour le président de faire publiquement pression en faveur de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN ou à l’UE. « Les pouvoirs constitutionnels du président en matière de politique étrangère sont plus limités qu’on ne le pense », dit Heisbourg. Si les électeurs français remportent un gouvernement majoritaire dominé par l’un ou l’autre des extrêmes, le pays pourrait se retrouver entraîné dans une lutte compliquée entre les deux exécutifs. Au mieux, cela créerait de la confusion tant chez les Alliés que chez les Français. Au pire, cela affaiblirait sérieusement la position diplomatique de la France à l’étranger et affaiblirait l’OTAN elle-même.

© 2024, Journal The Economist Limité. Tous droits réservés

-

PREV Il existe déjà un accord pour les hauts fonctionnaires de l’UE : Von der Leyen, António Costa et Kaja Kallas
NEXT Chaque jour, 10 enfants perdent une ou les deux jambes à Gaza à cause de la guerre