Deux scientifiques ont découvert que l’Antarctique se dirige vers une “fonte incontrôlée” des calottes glaciaires, provoquée par l’intrusion d’eau chaude océanique entre la glace et les terres sur lesquelles elle repose, selon une étude publiée mardi (25/06/2024) . ) par le magazine Nature Géoscience.
Bien que cela ait déjà été observé, les modèles utilisés par le Groupe d’experts des Nations Unies sur l’évolution du climat (GIEC) pour projeter l’impact du réchauffement climatique en Antarctique n’ont pas encore pris en compte ce phénomène, sous-estimant ainsi la perte de glace.
Passer le point de bascule
Alors que la température des océans augmente en raison du réchauffement climatique d’origine humaine, les calottes glaciaires de l’Antarctique fondent, menaçant l’élévation du niveau de la mer et mettant en danger les communautés côtières.
“L’augmentation de la température des océans peut conduire à dépasser un point de bascule, au-delà duquel l’eau des océans pénètre de manière illimitée sous la calotte glaciaire, à travers un processus de fonte incontrôlé”, note l’étude.
L’eau chaude s’infiltre et accélère la fonte
Les calottes glaciaires de l’Antarctique reposent sur le substrat rocheux et s’étendent au-delà de la côte pour flotter sur la mer. Des études antérieures ont montré que l’eau de mer chaude s’infiltre dans la « zone de base », là où la terre et la glace se rencontrent, et se dirige vers l’intérieur des terres depuis le dessous de la glace flottante.
À mesure que l’eau se réchauffe, ne serait-ce qu’une fraction, l’infiltration s’accélère sur de courtes distances de 100 mètres à des dizaines de kilomètres, faisant fondre la glace en cours de route en la chauffant par le bas, explique l’auteur principal de l’étude, Alexander Bradley.
Élévation du niveau de la mer
Le risque d’élévation du niveau de la mer survient lorsque la fonte des glaces est plus rapide que la formation de nouvelle glace sur le continent. Certaines zones de l’Antarctique sont plus vulnérables que d’autres à ce processus en raison de la forme de la masse terrestre, qui présente des vallées et des cavités où l’eau de mer peut s’accumuler sous la glace.
Selon l’étude, le glacier de Pine Island, celui qui contribue le plus à l’élévation du niveau de la mer sur le continent blanc, court un risque élevé de fondre en raison de la pente du terrain, qui permet l’entrée d’une plus grande quantité d’eau de mer.
Bradley appelle à mettre à jour les modèles scientifiques pour prendre en compte ce phénomène : « Cela ne fait que souligner la nécessité d’une action climatique urgente pour éviter que ces points de bascule ne soient dépassés », conclut-il.
JU (afp, Nature)
